Au nom de tout notaire de base
Dans le monde complexe et souvent impitoyable de la négociation de biens et d’intérêts, le notaire se tient comme un médiateur impartial, un pilier de l’intégrité et de la légalité. Cependant, c’est mon Maître de stage, Elie Ouaknine, que je salue là où il est maintenant, qui a un jour illustré la situation avec une expression poignante : « le notaire a face à lui deux parties, l’une cherche à bouffer l’autre, mais les deux cherchent à le bouffer ». Cette phrase peint une image bien plus sombre et chaotique de cette profession vénérable.
Cette métaphore vorace illustre la tension palpable dans laquelle le notaire opère, pris entre deux parties adverses, chacune poussée par le désir féroce de maximiser ses gains, souvent au détriment de l’autre. Plus qu’un simple arbitre, le notaire est vu comme une proie potentielle, une cible à exploiter dans le jeu stratégique des négociations et des transactions. Chaque partie, dans sa quête de victoire, oublie souvent les principes d’équité et de justice, cherchant à contourner les réglementations et à manipuler les faits à son avantage.
Pire encore, cette frénésie ne se limite pas aux parties prenantes directes. D’autres acteurs, tels que le fisc, le parquet, les banques…, ajoutent une couche supplémentaire de pression et de complexité à l’exercice de ses fonctions. Le notaire, déjà empêtré dans le duel acharné de ses clients, doit également naviguer dans un labyrinthe de réglementations fiscales, de contraintes légales et d’exigences bancaires et autres… Ces entités, avec leurs propres enjeux et motivations, ne ménagent pas le notaire, le poussant dans ses derniers retranchements, exigeant précision, rapidité et, par-dessus tout, conformité absolue.
Dans cette arène, le notaire doit faire preuve d’une rigueur sans faille et d’une éthique inébranlable, souvent au péril de son propre bien-être. Il porte le poids lourd de la responsabilité, non seulement envers ses clients mais aussi envers la société, veillant à ce que chaque transaction se déroule selon les lois et les règlements établis. Il est le gardien des transactions justes, mais dans un monde où chacun cherche à « bouffer » l’autre, son rôle devient de plus en plus périlleux et épuisant.
En fin de compte, l’expression d’Elie Ouaknine capture l’essence brutale de l’activité notariale, une profession noble assiégée par la cupidité, la méfiance et la pression constante. Elle nous rappelle que, dans le tumulte des intérêts personnels et collectifs, le notaire reste un bastion de légalité, bien que souvent assiégé de toutes parts.